[The Girl]

Il a été dit que je me suis appliquée à détruire M. C. me l'a reproché violemment, et ce,  jusqu’à ce que je prenne la porte. Quel hypocrite. Ce n'est pas vrai, je ne savais pas. Je ne savais pas ce que faisait.

Il n'était jamais né. Il n'avait pas de passé, son présent était flou et son avenir décrivait une courbe aussi haute qu’une montagne. Il semblait n'avoir jamais existé avant son arrivée. Vaguement, il évoquait Genève, une année morte disait-il négligemment. Aurais je du comprendre qu'il était déjà mort ? Un soir, il conta que dans certains pays d'Afrique des décédés réapparaissaient ailleurs sans avoir conscience de leur extinction. Ils fondaient des familles, avaient même des gosses. Puis un jour, il arrivait qu’au détour d'une rue, ils rencontrent une personne de leur village de mort. Ils prenaient conscience alors de leur état et disparaissaient dans une pluie en plein soleil.

Aurais je, vraiment, du comprendre qu'il était déjà mort ?  

J'ai été lâche. J'ai laissé C. faire le boulot que nous devions accomplir ensemble. Ce que j'avais découvert n’était pas bien grave. Je me suis servie de C. mais il n'était pas assez aveugle pour ne pas comprendre. Il a été le corps de ma transe. M. était bien trop loin de nous maintenant pour continuer à nous enfermer dans son attente,  nous  faire espérer un retour. J’avais V. ce n’était pas parfait certes, mais il n’était pas question que je laisse C. se détacher de moi. C’était l’homme avec qui je voulais finir mes jours. Et s’il fallait que je détruise M. pour ramener C. à moi…

L'intimité atteinte cet été était depuis longtemps malade, et maintenant elle nous pourrissait tous. Elle avait créée un vide, nous rendus inadaptés, enlevé petit à petit nos instincts. Cette bulle nous avait sortie de nos coquilles d’escargots et nous cramions depuis, nous, mollusques plus alertes certes, au soleil de la vie en négatif.

Je l’ai fait par amour, pour moi. Pour nous. Pour moi.