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The Boring Issue
4 avril 2010

[It]

La route se déroulait, dévorante et fatale. Les lumières oranges flottaient, paresseuses, caressant languides les flancs de la voiture. Elle avançait silencieuse dans la nuit. Je regardais droit devant moi et ce depuis le début. Penser à me retourner, jeter un œil, accélérait mon pouls. Il n’y avait rien ensuite, à chaque mètre effectué l’autoroute sombrait dans le vide. Elle n’existait plus, elle ne devait plus exister. Il ne fallait pas que je me retourne, ne même pas y penser. M’effacer dans le même vide que l’asphalte avec la peur sans adresse que l’on retrouve ma trace dans chaque battement de cœur qui s’égrainerait, s’il existait finalement encore une route après le passage de la voiture.

La route bordée de ses jeunes soleils couchant m’escortaient, inexorablement, vers l’évidence écrasante de mon effacement, de toutes les listes, de mes milliers de visages, de mon rêve d’été éternel. A présent il neige. On oublierait tous disait C. On oublierait tous, on n’avait pas de temps à perdre. Ne pas se retourner, ne pas y penser même, jeter ma mémoire au bord de la route avec l’assurance qu’il n’en resterait rien. Ne plus jamais reconnaître ces voix que je connais si bien, brûler les preuves de remords, trier les pages de ce passé, prendre un bassin ou même un fleuve pour noyer le peu qu’il en reste. Il neige, à présent il neige. 

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