Lucky Strike the Stars

"Quelle sera ta prochaine escale ?". Le vent dans la rue orange siffle très fort. H. veut que je dorme avec lui. Me regarde en souriant, je ne sais pas pourquoi. J'sais pas trop, j'arrive pas à mettre la main dessus. "J'ai dit : tu vas faire quoi après ?". Une voiture accoste une pute en bas, fait demi tour au feu vert. Les villes défilent dans ma tête. Ce ne sont que des lettres sur un cahier de fumée. J'lui demande s'il connaît Mr Nobody, oui, mister nobody ? tu sais ce film où le mec n'existe pas ? Le mec il a jamais pris une décision de sa vie et tout le film joue sur le "si j'avais fait ça, si j'étais parti avec..,tout ça. Parce que ce soir j'ai l'impression d'être monsieur fucking nobody. Il me tend son joint. La pute a disparue. "T'es sur que tu ne veux pas dormir ici, te savoir dans la rue là ça me branche pas vraiment". H et moi c'est la fin, je le sens. On s'est pas assez cherché je crois. Amitié de vacances version amour platonique sans sentiments ni sexe ? Il met de la musique, "she loves me" des Beatles. J'suis pas sur, finalement de ne pas vouloir rester. Je mets ma capuche, allume une cigarette, fouille trois plombes dans mon sac. "T'es con tu sais. Tu fais chier, J'vais prendre ma douche". Vas y que j'lui dit, j'aimerais qu'il me retienne, pas vraiment lui en fait, enfin j'sais pas, j'aimerais qu'on me retienne. Dans l'escalier j'me dis que j'ai bien fait de partir, avant qu'il ne me parle de K. de sa dépression bien rangée, de son programme de muscu, encore de K, toujours de K. et d'avant, comment c'était bien genre "j'avais 16ans et on avait passé l'été avec Ha, V, T et L qui avait sa nouvelle SUV, à faire des tours en ville, à boire et à fumer. A l'époque j'me faisais juste chier sur la banquette arrière, on parlait pas trop, j'attendais que ça passe, on avait pas encore eu de copines tu vois au début, j'crois qu'on était tous sur les nerfs à cause de ça, enfin bref c'que j'veux dire c'est que ça a été, après j'men suis rendu compte parc'que sur le coup, merde j'ai fait tomber le joint, parce que sur le coup j'me sentais vraiment à la masse quoi. Mais maintenant quand j'y pense, comment on délirait trop avec L et sa caisse. je sais, maintenant, quand j'ai trop les nerfs, que j'avais jamais été aussi heureux." Peut être que c'est pour ça qu'on s'est mis à la colle lui et moi. Passé seize ans on s'est appliqué à mener une vie de zombie.